Qu'est ce qu'un vieux couple aujourd'hui?
Habituellement, on peut nommer un vieux couple les personnes ayant
vécues et vivants encore en couple depuis 25-30 et 40 ans.
Mariés bien entendu à l'Église devant Dieu et les hommes, contrat
notarié, robe blanche pour la jeune femme et habit chic et bon genre
pour le jeune homme.
Comme ils sont beaux, le jour des noces, la famille , les amis sont
tous là, pour fêter les nouveaux mariés.
Déjà la question se pose: Pour quand les enfants, allez, dépêchez
vous, nous avons hâte nous d'être grand parents.
Dans bien des cas, une période de deux ans est respectée avant que
le premier enfant ne voit le jour. Ensuite certains auront choisis
d'avoir une grosse famille , d'autres choisiront d'en avoir un
seulement et le reste deux.
Au début, avant les enfants, il faut savoir que les défauts de notre
conjoint ou conjointe ne partiront pas avec les années, ah que non,
les petites manies qu'ils avaient jeunes et bien ils les gardent en
vieillissant.
Si plus de jeunes sauraient cela avant de vivre en couple, je me
demande si ils y en auraient autant qui vivraient à deux.
Nous venons de fêter nos noces d'argent, et oui, 40 ans de vie de
couple et famille.
40ans, c'est une vie entière
40ans, c'est un don de sois
40ans, c'est des privations, mais tellement de petits plaisirs
40ans, c'est sois long sois court
40ans, c'est bien tant que les deux sont en santé
Mais 40 ans, lorsqu'un l'un d'entres eux tombent malades, là, cela
peut devenir long, pour le conjoint qui lui, a encore toutes ses
forces.
Comme c'est triste, car c'est notre cas, malheureusement, mon époux,
a développé une sclérose en plaques , sévère et invalidante.
Comme il était un homme super perfectionniste et toujours occupé et
ce à tout moment du jour et du soir, et bien, le niveau de stress
monte et monte, donc, les plaques elles se multiplient et il en
souffre énormément.
Comment arriver à comprendre ce qui nous arrive? Pourquoi est ce
tombé sur nous? Il n'accepte pas sa condition, plus il va se
révolter, plus la maladie va prendre du terrain et ce dans tous les
aspects de sa vie.
Comment arrivons nous à vivre avec notre conjoint de toute une vie,
qui, presque du jour au lendemain se retrouve avec une maladie aussi
douloureuse et déprimante?
Ah côté argent, cela va, il a une rente, pas très grosse mais elle
nous permet de vivre convenablement.
Il y a 40 ans, nous avions décidé tous les deux, que je laisserais
mon boulot afin de me consacrer à l'éducation de nos futurs enfants.
Si nous aurions pût prévoir l'avenir, mais non c'est impossible et
je crois que c'est bien ainsi, sinon nous n'aurions jamais eu le
bonheur de faire trois beaux enfants.
Aujourd'hui, ils nous donnent souvent un coup de main et cela est
grandement apprécié.
Sous peu, ils auront eux aussi leur propres enfants, ils seront de
plus en plus occupés, je prie tous les soirs pour que le bon Dieu me
laisse la santé, car si je devrais tomber à mon tour, nous devrions
tout vendre, maison, voiture ect...et cela je ne pourrais pas le
supporter.
Je suis retournée sur le marché du travail afin de nous gâter un
peu, ce n'est pas trop demandé quand même?
Lorsque je reviens après une grosse journée au boulot, et que je
vois mon conjoint étendu sur le divan, cela me crève le coeur, car
j'ai toujours derrière la tête, la solitude ou la maladie l'a
plongé.
Je prends mon temps, je lui souris, je vais me mettre à l'aise avant
de débuter le repas du soir, en faire un peu plus, pour le dîner le
lendemain, car il n'est pas difficile, et il peut facilement manger
deux fois de suite le même repas, tout ce qu'il a à faire est de
mettre l'assiette au micro-ondes et le tour est joué.
Tout doucement je vais le réveiller, je lui fais de doux baisers,
sur la figure, sur le front un endroit qu'il a toujours aimé
recevoir de doux baisers, me disant que cela le réconfortait
beaucoup. Alors pourquoi le priver de ce plaisir...
Je l'aide à se mettre à table, je place tout à sa portée, et je suis
heureuse de le voir dévorer son repas, et même parfois en
redemander.
Ensuite je lui offre du dessert , son péché mignon et il est heureux
comme un roi. Nous avons nos repères, nous avons pris une manière de
vie qui nous satisfait tous les deux.
Une fois les couverts enlevés, lavés et ramassés, j'organise son
fauteuil roulant, si il fait frais, je lui place une belle
couverture sur ses genoux, et nous voilà en route pour une belle
grande marche.
Je change le plus souvent mon parcours afin qu'il ne voit pas
toujours les mêmes endroits, et il en est heureux. Les week ends je
prends notre voiture adaptée et nous allons faire des petits tours
de voiture, parfois ils sont plus longs.
Tout dépend de sa condition, si il va pas si pire, là je peux me
permettre de l'emmener plus loin, à quelques heures de la maison. Je
souris, car lorsque je me retourne pour voir si il va bien, il
sommeille, mais juste le fait de lui faire changer d'air, lui fait
plaisir mais surtout du bien au moral.
L'automne est sa saison préférée, alors, nous allons au festival des
couleurs, et je vois dans ses yeux , comme des petites étoiles
briller, il n'en a jamais assez, de toute cette beauté qui
l'entoure.
Il est évident, que j'ai dû faire le deuil, rapidement de notre vie
intime. Nous pensions qu'après que les enfants aient quittés la
maison, que nous serions plus libre de notre intimité, improviser
quelque peu, mais la maladie en a décidé autrement.
Est ce que je trouve cela difficile, bien entendu, mais, il n'est
pas responsable de son état, je sais qu'il en est très malheureux,
mais, notre amour et notre tendresse et affection, peut passer à
travers biens des choses et celle ci en est une.
Non, je n'ai pas envie de voir d'autres hommes pour me satisfaire,
car je n'aime que mon tendre amour. Je ne veux pas dire que cette
partie de notre vie ne me manque jamais, mais, disons qu'avec le
boulot, la maison à entretenir autant à l'intérieur qu'à
l'extérieur, m'occuper de mon cher amour, et bien je tombe de
sommeil rendu au soir.
J'ai de l'aide au bain, cela c'est super, car il pèse quand même
plus lourd que moi, mais les jours de bain sont des jours de
bonheur, se sont les jours ou les câlins se font plus rapprochés, il
deviens plus coquin, il me regarde fixement tant et si bien que je
lève les yeux de mon travail, et là je sais, en voyant ses si beaux
yeux bruns scintiller, que la soirée sera courte mais la nuit elle
sera longue. Je lui souris doucement, il est heureux, car il sait
que j'ai compris le message.
Lorsque deux personnes s'aiment depuis 40 ans, il n'y en a pas
d'obstacle, à moins bien entendu que l'on ai une attitude négative
face à la vie.
Mais, dans notre cas, je remercie le Seigneur de ne pas me l'avoir
enlevé. Moi, ce que je vois, c'est l'homme que j'ai épousé il y a 40
ans, il est toujours aussi beau à mes yeux qu'au premier jour. Il
est aussi fort qu'au premier jour, car il sait encore se faire
désirer, et oui, monsieur est coquet, et je l'aime de toutes mes
forces et de toute mon âme.
Nous avons peu d'amis, car ils sont mal à l'aise en sa présence,
résultat du fauteuil roulant et ce qu'il peut envoyer comme message.
Si ils sauraient à quel point cet homme aimerait avoir encore la
visite d'amis ou membres de la famille.
Ce n'est pas parce que l'on est assis dans un fauteuil roulant que
l'on ne pense plus, ou que l'on perd la parole, ou la tête.
C'est malheureux, car les personnes d'il y a 40 ans, eux, ont pleins
de préjugés et je me retiens souvent de leur dire ma façon de
penser.
Nous nous renseignons beaucoup sur les avancés médicales sur cette
maladie. Nous espérons toujours un miracle.
Il existe bien, un traitement, mais pour le payer, là c'est très
difficile. Une chirurgie pourrait peut être le guérir, mais pour se
faire, il nous faudrait partir dans un pays d'Europe , sans compter
les coûts de la chirurgie, de mon hébergement, ensuite le ramener,
avoir un suivi. Nous ramassons le plus possible afin qu'un jour nous
puissions profiter de cette nouvelle manière de traiter cette
maladie.
Nous espérons aussi que cette manière de faire, soit enseignée ici
au Canada, ainsi, cela permettrait à plus de gens d'en profiter.
Nous sommes malgré la maladie, demeurer très amoureux l'un de
l'autre et cela nous permet de passer à travers plusieurs obstacles,
avec une philosophie axée sur le positivisme, tout deviens un
heureux moment.
Pour nous deux, la famille est très importante, les enfants sont au
courant des changements qui se produisent mais toujours en gardant
un côté positif à la nouvelle. Sinon, cela serait trop difficile
pour eux.
Un petit rien nous rend heureux, une visite d'un des enfants, une
sortie de groupe, car nous faisons parti d'une Association de
personnes atteintes de SP, et ils nous invitent à des sorties
superbes, et toujours animées, joyeuses et surtout avec un don des
autres presque miraculeux.
Alors lors de ses sorties de groupe, nous remplissons nos coeurs de
joies et de bonheur, multitudes aussi de photos, que l'on se plait
bien à regarder les jours ou les nuages sont plus nombreux au-dessus
de nos têtes.
Notre amour l'un envers l'autre viens à bout de biens des petits
soucis, tandis que des couples en pleine santé eux passent leur
temps à se plaindre de ceci ou cela. Quel perte de temps et
d'énergies.
Nous nous réjouissons de chaque moment passé ensemble. Tant et aussi
longtemps que j'aurai la santé, il demeurera à mes côtés. Je ne peux
même pas imaginer le voir me quitter, cela me rend trop malheureuse,
ne plus pouvoir le regarder, ne plus pouvoir le toucher, ne plus
pouvoir sentir son odeur, ni regarder ses merveilleux yeux bruns.
Non, je l'ai eu, alors je le garde.
Je crois que c'est cela, le vrai amour. Et vous qu'en pensez-vous?
Plume!
2 décembre 2013 |