J'arrive de passer
un weekend en présence de mes deux sœurs. Cette année, c'est un
divorce qui nous a réunies toutes les trois. L’an dernier,
c'était le cancer de notre mère, ses douleurs effroyables, non
atténuées, même avec des doses de morphine puissantes....
Un moment donné,
nous étions assises toutes les trois autour d'un café, et nous avons
réalisé, que ma sœur devait quitter sa maison, le même week end, où
l'an dernier maman nous avait quittés..... Cela nous a sonné
quelque peu.... et ce soir, avec ma nuit d'insomnie, les souvenirs
reviennent en grand....
Curieusement,
c'est aux infirmières, cette nuit, à qui je pense le plus, et qui
ont été près de maman, dans les dernières 48 heures précédant son
décès...ainsi que toutes les autres qui savaient que maman ne
pourrait pas passer le weekend end. Alors, elles arrivaient,
parfois seule, parfois à deux ou trois, et chacune d'entre elles me
prenait dans leurs bras et me disait : « Tu sais, lorsque nous
arriverons lundi, elle ne sera plus là pour nous dire allo ma belle
enfant comment vas tu aujourd'hui ? » Elles continuaient en me
disant : « courage et surtout merci d'être venue voir votre maman,
la soigner, la bercer, lui chanter ses chansons préférées, lui
parler même si elle ne pouvait plus vous répondre.... » « On vous a
toujours vue souriante auprès de votre maman, du début jusqu'à
maintenant car vous savez qu'elle nous entend.... »
Alors je leur
ai dit: « Non , merci
à vous toutes pour votre patience, votre entrain auprès d'elle afin
qu'elle ne se doute trop que la fin approchait, merci d'avoir pris
le temps de nous avoir écoutées vous raconter nos craintes et nos
peurs à mes sœurs et moi face à son départ, merci d'avoir été aussi
présentes malgré le fait que vous n'étiez que deux pour 56
patients. »
Jamais vous ne
m'avez fait sentir que je vous dérangeais lorsque j'allais en
courant vous chercher afin que vous puissiez lui donner une autre
dose pour la soulager.
Merci à vous
chères infirmières et infirmiers et préposées d'avoir pris le temps
de me brasser afin que je me calme et qu'enfin je me permette de
pleurer un bon coup dans vos bras quand mes nerfs prenaient le
dessus sur mes angoisses et ma terreur de voir autant souffrir maman
et ne pouvant rien y faire...
Merci à vous,
de m'avoir accepté parmi vous, pour aider maman à mieux respirer,
vous n'avez pas douté un seul instant que je pouvais tenir le tube
pendant que vous lui enleviez les sécrétions qui l'empêchaient de
respirer...
Au fil des
semaines, ensuite des mois, j'étais arrivée à les connaître par leur
prénom. J'ai aussi eu le temps de les voir inter -agir auprès des
autres bénéficiaires, pas de mauvaise humeur, jamais, pas de cris,
jamais, envers aucune des personnes âgées et malades.
Je les ai observées
à l'heure des repas, faire manger les plus faibles tout en racontant
des histoires drôles pour les autres qui étaient tous assis autour
de ces tables rondes plus conviviales que des grandes tables carrées...
Ah oui, il y
avait des journées ou vous étiez un peu moins patientes, surtout en
période de pleine lune, mais qui ne l'aurait pas été ?
A vous
observer, deux infirmières et deux préposées pour 56 personnes
malades, courir pour porter leur plateau, et ce trois fois par jour,
ensuite faire l'inverse en prenant soin de noter ce que la personne
avait ou non mangé.
Comme de raison
après les repas, va la digestion , alors je voyais arriver l'équipe
de préposées le gros sourire aux lèvres, rassurant les petites dames
toutes frêles qui s'excusaient d'avoir fait une grosse bêtise,
qu'habituellement, elles étaient plus propres que cela, et qu'elles
ne le feraient plus...
Seigneur, mon
cœur se gonflait tellement gros que les larmes coulaient sur mes
joues sans que je ne puisse les garder pour moi...
Autant les
préposées que les infirmières, vous preniez le temps de les changer,
de les laver, avec douceur et tendresse, pour ne pas leur faire mal,
et toujours dans la bonne humeur envers tous et chacun de ces êtres
humains, qui n'ont plus de contrôle sur rien.. ou presque...
Vous êtes
vraiment admirables, car le métier que vous avez choisi est loin
d'être le plus facile et le plus évident, mais vous le faites avec
tout l'amour du monde....
Ah comme
j'aurais aimé dans ces moments là, voir un de nos députés ou
ministres ou un membre de leur famille dans ces lieux,...
Si ceux qui
gouvernent notre pays pouvaient seulement se douter de tout ce que
vous devez porter sur vos épaules et cela souvent durant deux
horaires en ligne, pour vous sans prendre aucun repos afin de
remplacer celles de vos consœurs qui tombaient de fatigue et par
manque de ressource humaine...
Peut être bien
que là, et seulement là, ils se rendraient compte de votre
IMPORTANCE, et ils cesseraient de chigner sur vos hausses de
salaires, sur de meilleures conditions de travail et surtout sur le
manque d'effectifs.
Imaginez
combien c'est difficile pour nous d'aller veiller nos êtres chers
pour un certain temps, alors que VOUS, vous êtes attachées à tous
vos malades qui parfois sont là pendant quelques années, oui je
comprends maintenant les larmes dans vos yeux et sur vos joues quand
maman nous a quittée.
Vous aviez
appris à la connaître et à l'aimer aussi, vous preniez du temps pour
venir lui parler quand vous la trouviez seule...
Je vous lève mon
chapeau, à vous chers infirmiers et infirmières, ainsi, qu’à tous
les préposés(es) car vous êtes et ce à tous les jours, de vrais
rayons de soleil, pour toutes ces personnes malades qui parfois ne
recoivent aucun visiteur..... Vous réchauffez le cœur de toutes ces
personnes âgées et malades, et cela même si dehors il fait froid et
gris, car le soleil vous l'avez dans votre cœur, sur votre figure,
dans votre voie, dans vos mains qui se font si douces pour ne pas
blesser ces pauvres personnes âgées et souffrantes... vous êtes les
anges de ces établissements...
Je crois
sincèrement qu'il faut avoir LA VOCATION pour faire ce travail dans
un établissement de longue durée, car vous savez très bien qu'une
fois que vous les accueillez chez vous, ce n'est que les deux pieds
devant que vous les reverrez sortir..... Comme cela doit être
difficile pour vous...
Vous aurez
toujours une place bien spéciale dans mon cœur chères infirmières et
infirmiers, vous qui avez pris tant soin de maman, et ce jusqu'à son
dernier souffle.
Texte de Plume! Pour le site divertirweb.com
1er décembre 2010
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