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LA
BERCEUSE DE L'ENFANT JESUS
La Vierge
disait à son Enfant de Dieu
;
Vous n'avez, hélas ! pour
lit qu'une crèche,
Et sur l'oreiller fait de
paille fraîche,
Le souffle attiédi de l'âne
et du boeuf.
Mais du Paradis les Très
Saints Archanges
Pour vous voir dormir chaque
nuit viendront ;
Et les séraphins sur vous
suspendront
De beaux rideaux blancs sont
faits d'ailes d'anges.
Je vois votre front nimbé de
soleil
Emplir de clarté cette
pauvre étable
Mon petit enfant, ma joie
ineffable !
Que vous êtes beau dans
votre sommeil !
Une voix en moi, adore et
chante
Votre Père aux cieux qui
veille sur nous ;
Au Seigneur, Dieu bon,
j'offre à deux genoux
L'humble pauvreté de votre
servante.
Quoi ! Je vous réveille !...
Oh ! ne pleurez pas,
Disait tendrement la Vierge
Marie,
De mes chers soucis la
source est tarie :
Mon Jésus sourit, bercé dans
mes bras.
Votre voix ne peux encor me
répondre,
Mais vos yeux divins se
lèvent sur moi,
J'en éprouve alors un si
doux émoi,
Que d'amour je sens tout mon
coeur se fondre !
Que n'ai-je pour vous, dans
un palais d'or,
Un riche berceau sous de
riches voiles
Des robes d'azur, des
manteaux d'étoiles
Pour vous en vêtir, à mon
cher trésor !
Hélas ! Je n'ai rien ! Rien
! O peine amère !
Que des yeux ravis pour vous
contempler.
Des baisers très doux pour
vous caresser,
Et, pour vous l'offrir, le
coeur d'une mère.
Ce coeur est à vous, à vous
nuit et jour.
Lui disait tout bas la
Vierge très douce :
Comme l'oiselet dans son nid
de mousse
Sur son coeur aimant,
dormez, mon amour
Fermez vos beaux yeux,
lumière du monde,
Dormez au doux son des
pipeaux légers...
Pour voir mon Jésus, voici
les bergers,
Qui viennent, guidés par l'Etoile
blonde.
Vers ce pauvre toit, une
étoile, aux cieux
Des humbles pasteurs guide
le cortège :
Leurs pas vont sans bruit,
tout feutrés de neige
Car la Foi demeure en ces
coeurs pieux.
Ils ont apporté, dans une
outre, pleine,
Le lait parfumé comme
l'hydromel,
Un bel agneau,, blanc venant
du Carmel
Qui réchauffera vos pieds
dans sa laine,
A ces mots si doux, le Petit
Jésus,
Ferma ses beaux yeux, en
enfant sage.
Et les anges blonds, sur un
blanc nuage,
Pour le voir dormir, du Ciel
sont venus.
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Philippe Straehl
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