Ma fille,
Noël approche ; en quelle
cheminée
Déposeras-tu ton sabot ?
Des bonbons fins je veux y
laisser un gros lot.
Je veux, au seuil de la
nouvelle année,
T'accabler de jouets,
combler tous tes désirs,
Te procurer tous tes
plaisirs.
Eh quoi ! tu gardes le
silence ?
Tu ne trépignes pas, tu ne
bats pas des mains
D'aise et d'orgueil en
songeant à demain ?
Bon Jésus, ai-je dit, je
pense
A ces bonbons, à ces joujoux
Qu'on pourrait convertir en
sous !
Oh ! ne me grondez pas, je
ne suis point avare,
Mais les pauvres ont faim et
l'hiver est venu ;
Un peu d'argent chez eux
serait le bienvenu.
Près de la huche où le pain
se fait rare,
Près de l'âtre glacé déserté
de grillon,
Mille petits enfants
tremblent sous le haillon.
Pitié. pitié, pour eux ! je
porte ta prière,
Chère mignonne, au pied du
trône de mon Père.
Au doux élans de la
fraternité
Tous les coeurs s'ouvriront
; il vont de le chaumine
Chasser pour un long mois
les pleurs et la famine