MAI
Son carquois d'or plein d'étincelles,
Le dieu, le jeune dieu, le Mai
Laisse flotter partout sur les moissons nouvelles
Un souffle d'amour embaumé.
Les trilles d'argent des fauvettes,
Les gasconnades des moineaux,
Les rimes d'airain des poèmes
Et même l'âme des dévots
Te saluent, gentil camarade !
Tout fleuri de coquelicots,
Au fond du coeur le plus malade
Tu fais tinter tes clairs grelots.
Vieux tout blancs, vieilles toutes blanches,
chacun frissonne et se souvient ;
La sève monte aux vieilles branches
Et le sang monte au coeur ancien.
Les vieux toits gris sont leurs joubarbes,
Les vieux murs sous le lierre en fleurs,
Les vieux visages sous leurs barbes,
Sous leur tristesse les vieux coeurs
Sourient à ta gaîté charmeuse,
Roi des amours, ô bien-aimé !
Et, pleins de souvenirs, disent, la voix songeuse :
"C'est lui, le jeune dieu, le Mai !"
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