Rose, subtile fleur au parfum capiteux !
A l'âge où le désir inconscient s'envole
Tout en toi fait voguer la jeunesse frivole
Vers des ports inconnus, sans phare, fallacieux.
Fraîche éclose au jardin ton charme triomphant
Enivre les élus épris, de ton langage,
Verbe de pureté évoquant sans ambages
L'indicible candeur d'un beau rêve d'enfant.
Cueillons-là en prière en son riant matin
Avant que son déclin soit la douleur amère
Versant des larmes d'or en sa vie éphémère
Lorsque les vents cruels profanent son destin.
Ange pur, radieux que nous donne le Ciel
Tu verses dans nos coeurs ta coupe d'ambroisie,
Scandes de tes accents ta noble poésie
Et nous voilà ravis, geste providentiel.
Malheur au ravisseur qui aura profané
Ton nom, ta pureté, tes encens, ta sagesse,
Ta chaste dignité se fera vengeresse,
Le sang affluera de tes glaives affinés.
Je dédie ce poème en souvenir à Berthe Sylva,
pseudonyme de Berthe Faquet, est une
chanteuse
française, née à Brest le 7 février 1885,
décédée à
Marseille le 26 mai 1941. Elle aurait passé
son enfance
à Brest avant de se faire employer comme
femme de
chambre. Elle se serait mise à la chanson
vers 1910.
En 1928, Berthe Sylva se produit au caveau
de la
République. C'est grâce à Léon Taiter,
l'auteur de
"LES ROSES BLANCHES" qu'elle se met à
enregistrer.
Tout d'abord chez Ideal, puis chez Odéon.
Elle meurt
minée par la boisson et la pauvreté. Sa
maison de
disques finance les obsèques auxquelles
seuls quelques
amis assistent.
Les paroles des "LES ROSES BLANCHES"
C 'est aujourd'hui dimanche
Tiens ma jolie maman
Voici des roses blanches
Que ton coeur aimait tant
Va quand je serait grand
J'achèterai au marchand
Toutes ces roses blanches
Pour toi jolie maman.
Au printemps dernier
Le destin brutal
Vint frapper la blonde ouvrière
Elle tomba malade et pour l'hôpital
Le gamin vit partir sa mère
Un matin d'avril.
Parmi les promeneurs
N'ayant plus un sou dans la poche
Le pauvre mioche
Furtivement volait des fleurs
La marchande l'ayant surpris
En baisant la tête lui dit :
C'est aujourd'hui dimanche
Et j'allait voir maman
J'ai pris ses roses blanches
Elle les aiment tant
Sur son petit lit blanc
Là-bas elle m'attend
J'ai pris ces roses blanches
Pour ma jolie maman.
La marchande émue
Doucement lui dit
Emporte-les je te les donnent
Elle l'embrasse
Et l'enfant partit
Tout rayonnant qu'on le pardonne.
Puis à l'hôpital
Il vint en courant
Pour offrir les fleurs à sa mère
Mais en le voyant
Tout bas une infirmière
Lui dit tu n'as plus de maman
Et le gamin s'agenouillant
Dit devant le petit lit blanc:
C'est aujourd'hui dimanche
Tiens ma jolie maman
Voici des roses blanches
Toi qui les aimais tant
Et quand tu t'en iras
Au grand jardin là-bas
Ces quelques roses blanches
Tu les emporteras.
Philippe Straehl
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