A cinq ans je croyais que l'on devenait
vieux
Sitôt qu'on atteignait la dizaine d'années
Mais quand mes dix printemps sonnèrent
glorieux
Je remis à quinze ans mes caduques données.
Lorsque longtemps après, j'attrapai mes
quinze ans,
Je fixai à vingt ans ma future vieillesse.
Or, mes vingt ans passés, j'ajoutai dix
printemps,
Pensant bien qu'à trente ans j'obtiendrais
la sagesse.
Arrivèrent ces trente et là je me disais:
On doit devenir vieux seulement à quarante.
La quarantaine vint:j'étais robuste et
frais.
Alors, me suis-je dit, ce doit être à
cinquante.
Cinquante tôt venu, vite je m'aperçus
Qu'on reste jeune encore tant qu'on n'a pas
soixante.
Je les ai dépassés de seize ans révolus
Et je me trouve aussi neuf que lorsque
j'avais trente.
Mes cheveux sont, bien sûr, devenus
grisonnants
Mais je conserve encore un peu de ma
crinière;
Je marche sans bâton, mais j'ai perdu mes
dents;
Les jeunes pourraient bien me prendre pour
grand-père.
Malgré tout, je me sens presque aussi bien
portant
Qu'en ces jours si actifs de ma plus tendre
enfance;
Plus modéré, bien sûr, sans crouler
cependant.
Mes rêves envolés, je garde l'espérance.
Parfois je me demande:" A quel âge est-on
vieux?"
Il me semble que moi, je suis toujours le
même;
Je me tiens occupé, je ne me sens que mieux.
J'ignore la question, ça règle le problème.
Quand j'aurai mes cent ans, je dirai: "Ô
Seigneur
A quel âge est-on vieux?"....Mais à cent
ans, quoi faire
Si la neige des ans m'interdit tout labeur ?
mieux vaut le ciel alors...quand il plaira
au Père...
Auteur Gilbert Boucher, c.s.c.
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