Je vous écris de mon lit d'hôpital,
d'un pays qui n'est pas le mien.
« Engagez-vous », m'avait dit le général,
« allons, soyons de bons citoyens !
Ensemble, nous irons combattre le mal ».
Mais le mal que j'ai vu en face de moi n'était qu'un enfant venu
d'ailleurs,tremblant de peur, éperdue d'effroi.
On devait lui avoir dit que le mal, c'était moi
Et que je devais périr afin que la vie lui soit meilleure.
Le général a pointé le doigt vers le mal et a ordonné : « feu,
soldat, fais ton devoir » !
« Pardon mon général, je ne sais pas tuer, on ne m'a appris qu'à
aimer » !Puis, j'ai vu Jean tomber, c'était mon ami.
Alors à mon tour, je suis devenu guerrier.
À l'autre bout de mon fusil, un cœur a éclaté.
Quand le mal a frappé très fort, je suis tombé.
On venait de me prendre une partie de mon corps.
Enfin, il me restait les yeux pour pleurer sur mon sort.
Le général est venu, à serrer la main qui me restait
Et m'a dit : « Bravo soldat ! Tu as servi avec amour la nation.
Tu recevras, honneurs, médailles et pension ».
« Quel amour mon général ? Je n'ai ressenti que haine et souffrance
».
Mais le général était déjà parti en recrutement.
Les combattants du mal allaient manquer.
Des hommes reviennent d'un enfer que nous nommons « guerre ».
Ils y ont laissé la santé, parfois un membre ou deux, souvent leur
âme.
Des années plus tard, ils se demandent encore qui ou quoi ils ont
servi : Leur patrie ou bien d'obscurs intérêts ?:
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