symptômes  crise cardiaque
Chaque année, en France, plus de 100 000 crises cardiaques provoquent 13000 décès, rappelle la Société française de cardiologie (SFC). Heureusement, de plus en plus de patients sont sauvés grâce aux nouveaux traitements, aux progrès de la chirurgie et, surtout, au développement de la cardiologie interventionnelle, qui permet de dilater les artères bouchées immédiatement après l’accident (angioplastie). Ainsi, l’été dernier, la Société européenne de cardiologie (ESC) annonçait que 61 % des patients hospitalisés pour un infarctus bénéficient désormais d’une angioplastie, contre 10 à 12 % seulement en 1995. Résultat de cette prise en charge optimisée : « En vingt-cinq ans, le nombre de décès suite à un infarctus a été diminué de moitié », précise le Pr Claude Le Feuvre, président de la SFC. De plus grands progrès pourraient encore être réalisés si les victimes de crise cardiaque savaient mieux en reconnaître les signes, et s’ils appelaient immédiatement les secours en composant le 15 (Samu). En quinze ans, nous sommes passés de 23 % d’appels au Samu à près de 50 % (47,8 % exactement). Il faudrait faire encore mieux ! -
Quels sont les symptômes qui doivent alerter ?
Une douleur intense au niveau du plexus, une sensation d’oppression et d’étouffement, si caractéristique de l’infarctus. Selon l’observatoire Stent For Life, mis en place par la SFC, 93,5 % des victimes d’infarctus la ressentiraient. Chez certains patients, notamment les femmes, les signes se font plus discrets ou plus trompeurs, et risquent parfois d’être mal interprétés, voire ignorés.
Une crise cardiaque survient quand au moins l’une des artères coronaires se trouve progressivement rétrécie par le développement d’une plaque d’athérome. Un caillot se forme alors, qui obture en partie ou totalement l’artère. Insuffisamment irrigué, le muscle cardiaque souffre et commence à mourir. Comme tout muscle blessé, il envoie des signaux au cerveau qui, à son tour, répond et émet un message douloureux au travers des fibres nerveuses. C’est pour cette raison que l’infarctus fait souvent si mal. Mais, parfois, ce message douloureux est brouillé. Ce n’est pas seulement le thorax qui fait souffrir, mais aussi l’estomac, le cou ou le bras, car le nerf qui innerve le cœur possède des branches vers ces organes. Certaines crises cardiaques se manifestent ainsi par des maux d’estomac. Le risque de faux diagnostic est alors majeur.
Une chose est sûre : au moindre doute, il faut consulter en urgence. Privé d’irrigation, le muscle cardiaque meurt en l’espace de six heures. Il n’y a pas une minute à perdre ! Bien sûr, il ne faut pas considérer que le plus petit coup de fatigue ou encore une douleur aux épaules annonce une crise cardiaque. Les 2 signes qui doivent vous alerter : quand une telle gêne ou une telle douleur surviennent pour la première fois ou sont plus sévères qu’à l’accoutumée, et si elles persistent quoi que l’on tente. La douleur cardiaque n’a pas tendance à s’améliorer — ni à augmenter — si la personne se repose ou change de position. Elle n’est pas non plus sensible à la prise de médicaments antidouleur.
Autre piège : penser que l’on ne risque rien. Les femmes et les jeunes en particulier ont tendance à négliger les signaux d’alerte, persuadés que la douleur ne peut pas être d’origine cardiaque. Erreur : cela peut survenir à tout âge !
Êtes-vous une personne à risque ?
Certains d’entre nous présentent plus de risques de faire un infarctus : les fumeurs, les diabétiques, les sédentaires, les personnes âgées de plus de 65 ans, celles qui souffrent d’hypercholestérolémie ou d’hypertension artérielle, celles issues d’une famille de cardiaques, les hommes victimes d’une dysfonction érectile, les femmes sous pilule…
Si vous relevez de l’une de ces catégories, attention : soyez vigilant, pensez immédiatement à la crise cardiaque en cas de malaise ou de symptômes étranges.
Gardez bien en tête les signes classiques de l’infarctus : une pression intense, oppressante, une douleur rectosternale (sous le sternum) intense et qui dure plus de cinq minutes, une douleur qui irradie depuis la poitrine vers un bras ou les deux, ou vers le cou, la mâchoire, les épaules, une transpiration abondante, une respiration courte, une grande fatigue, une perte de connaissance, la tête qui tourne et, enfin, des nausées et vomissements. Si de tels symptômes surgissent : il faut agir de toute urgence ! C’est une crise cardiaque.
Néanmoins, il ne faut pas négliger les signes suivants qui, même s’ils ne sont pas accompagnés de douleur dans la poitrine, peuvent quand même annoncer un infarctus qui se prépare.
Indigestion. Qui ne souffre pas de maux d’estomac ? Il est alors tentant de minimiser ce symptôme. Soyez prudent toutefois, car, contrairement à un mal de ventre banal, la douleur provoquée par une crise cardiaque se traduit rarement par une douleur aiguë, lancinante. De plus, la zone n’est pas sensible au toucher. Le plus souvent, on a juste l’impression d’être ballonné. La douleur est sourde et parfois accompagnée de sensations de brûlures ou de nausées. Elle ne diminue ni avec la prise de médicaments anti-acides, ni par un changement de position… Et elle peut également se diffuser dans d’autres parties du corps.
Douleur dans la mâchoire inférieure. Elle part de la mâchoire et peut irradier dans la nuque. Parfois, cette douleur dans la mâchoire est le seul signe d’infarctus. « Il arrive que des patients se précipitent en urgence chez le dentiste persuadés d’avoir une rage de dents, et qu’ils s’effondrent dans la salle d’attente victimes d’un infarctus », note le Pr Marc Renard, responsable de l’unité coronaire à l’hôpital académique Erasme (ULB, Bruxelles).
Douleur dans le bras gauche. La sensation peut se diffuser vers l’épaule et le bras. Bien que le côté gauche soit le plus souvent touché, la douleur s’étend parfois au bras droit. Il arrive même que le bras droit constitue le seul signe de la crise cardiaque ! Une douleur aux deux poignets ou aux deux coudes est aussi un signe d’appel. Songez également à l’infarctus si vous ressentez une simple « lourdeur » comme si vous ne pouviez plus lever les bras.
Respiration courte. Certaines victimes se retrouvent essoufflées pour un rien. Ce « manque d’air » peut diminuer quand la personne se met au repos, mais il refait surface dès qu’elle se remet à marcher. Gare au piège : les seniors ont tendance à mettre cet essoufflement sur le compte de l’âge, alors qu’il peut se révéler être un authentique signe de rétrécissement des artères coronaires.
Fatigue. L’essoufflement va souvent de pair avec une fatigue inhabituelle. Cet épuisement se conjugue parfois avec un authentique burn out chez les patients en âge de travailler. Rien d’étonnant : le stress est un important facteur de risque cardiovasculaire. Un conseil : si vous vous sentez envahi par une fatigue incommensurable au moindre effort, allez vite chez le médecin !
L’angoisse. « Beaucoup de patients le disent : avant un infarctus, ils sont saisis d’une réelle panique. Tandis que d’autres ressentent uniquement un sentiment de mal-être, l’impression diffuse de ne pas aller bien — voire aucun symptôme. C’est notamment le cas chez les personnes très âgées. Par ailleurs, 30 % des diabétiques n’ont aucun signe précurseur », précise le Pr Claude Le Feuvre. « Être à l’écoute de son corps est essentiel », note le Pr Renard, qui constate que trop de patients tardent à appeler les secours, soit par « peur de déranger », soit parce qu’ils pensent être « plus forts que la douleur » ou qu’ils se croient à l’abri. C’est notamment le cas des femmes.
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Les symptômes au féminin
Plusieurs études récentes ont montré que les signes avant-coureurs de la crise cardiaque ne sont pas les mêmes chez les hommes que chez les femmes. Pour certains experts, ce ne sont pas tant les symptômes qui diffèrent, mais plutôt la façon dont les femmes les expriment. Une chose est sûre : chez la femme, l’infarctus est souvent pris en charge plus tardivement que chez l’homme, soit en raison d’un retard de diagnostic, soit parce qu’elle a trop attendu avant de consulter. Les femmes parlent davantage d’inconfort au niveau thoracique que d’oppression. Inversement, la fatigue est souvent plus marquée chez elles que la douleur. Et elles se plaignent volontiers d’essoufflement, de brûlures, de nausées… Autre particularité : l’angoisse, la faiblesse, la pâleur et l’hypersudation sont plus fréquentes chez la femme. Le temps est notre pire ennemi. « Chaque seconde compte, précise le Dr Gregory Ducrocq, cardiologue à l’hôpital Bichat, à Paris. Et le spécialiste rappelle que, en France, de nombreuses campagnes en faveur de l’appel au Samu ont permis de réduire d’une heure le délai entre les premiers symptômes et l’arrivée du patient au bloc de cardiologie interventionnelle. Grâce à cette rapidité, un patient sur quatre peut être l’objet d’une reperfusion cardiaque (désobstruction de l’artère bouchée) dans les quatre-vingt-dix minutes qui suivent son accident.
Que faire si vous ou l’un de vos proches souffrent de tels symptômes ?
S’ils durent plus de cinq minutes, demandez de l’aide. N’hésitez pas à le faire, même si la douleur ou la gêne vous semblent modérées. Mieux vaut rester en vie après une fausse alerte, que ne pas prendre au sérieux les signes avant-coureurs d’un accident qui peut se révéler très grave, voire fatal ! Enfin, quoi qu’il en soit, vous devez être vu le plus rapidement possible par un professionnel
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